L’essentiel en trois points :
  • Installer des panneaux solaires n’est pas une démarche à entreprendre dans l’optique de générer des rendements financiers, mais pour favoriser l’autoconsommation.
  • Le GRD ne peut légalement pas générer des bénéfices en reprenant le courant refoulé par les producteurs dans son réseau et calcule son prix de reprise en se basant sur ses coûts moyens d’approvisionnement. Il paie en outre uniquement la partie « énergie » aux producteurs indépendants, ces derniers n’ayant pas de frais liés à l’entretien du réseau.
  • À l’avenir, le prix de reprise devrait suivre une tendance baissière, notamment puisque les coûts d’approvisionnement baissent. Il devrait également être calculé sur une base trimestrielle dès 2027.

Alors que les prix de l’énergie solaire sont aujourd’hui à la baisse, de nombreux producteurs photovoltaïques indépendants se posent des questions quant aux tarifs de reprise pratiqués par les gestionnaires du réseau de distribution (GRD). Une donne qui peut avoir tendance à provoquer la grogne des particuliers et des entreprises ayant opté pour l’installation de panneaux photovoltaïques dans l’optique de générer des rendements financiers additionnels. Pour mieux comprendre les bases et la logique sur lesquelles est établie la tarification de la reprise, on vous propose de faire le tour de la problématique en cinq points-clés.

1. Des panneaux solaires pour favoriser l’autoconsommation, pas pour générer des rendements financiers

Dans un premier temps, il semble essentiel de rappeler un point fondamental. Celui de l’objectif principal visé lorsque l’on décide d’opter pour l’installation de panneaux photovoltaïques. Comme présidé dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050, l’énergie solaire, et sa démocratisation par l’intermédiaire des nombreuses installations sur les toitures des particuliers et des entreprises, a pour but premier de favoriser l’autoconsommation. L’objectif n’est pas, et n’a jamais été, de proposer une source de revenus complémentaires aux personnes qui franchissent le pas en installant des panneaux. Le solaire ne doit donc pas être envisagé comme un investissement destiné à générer des rendements financiers. D’un point de vue économique, bénéficier de panneaux photovoltaïques au sein de son logement reste bien entendu synonyme d’économies réalisables dans le sens où, après les dix à vingt années nécessaires à l’amortissement de l’installation, l’électricité autoconsommée peut être considérée comme gratuite. Mais il ne s’agit pas de s’enrichir grâce au solaire en espérant revendre son courant à prix d’or.

2. Dynamique de l’offre et la demande, quelques notions de base

La production d’énergie solaire doit également être considérée dans le contexte de l’offre et de la demande. Forcément, on produit le plus d’électricité photovoltaïque durant les jours d’été, alors que l’offre est plus grande que la demande. On se retrouve donc avec beaucoup de courant issu de la filière solaire. Conséquence directe logique : les prix suivent une tendance baissière.

En ce qui concerne les garanties d’origine, à ce jour, l’équilibrage de l’offre et de la demande de ce marché se fait sur une base annuelle. Ce qui, dès 2027, devrait changer suite aux évolutions du cadre légal qui prévoient de suivre un marquage trimestriel. Notons par ailleurs que, pour produire davantage d’énergie solaire en hiver, période marquée par une plus faible production et une plus forte demande, il faudrait être en mesure d’installer des panneaux verticaux, notamment en façade. Ce qui implique des coûts élevés et, pour des particuliers, pose souvent problème puisque les surfaces disponibles en façade se prêtent peu à ce type d’exploitation photovoltaïque.

3. Contraintes et obligations du GRD

De son côté, le GRD est tenu légalement de reprendre le courant refoulé dans son réseau, et cela pour tous les producteurs indépendants d’une puissance inférieure à 3 MVA, ou 5 GWh de production, par année. Pour établir son prix de reprise, le GRD doit tenir compte de plusieurs facteurs, dont ses propres coûts moyens d’approvisionnement énergétique, soit l’énergie produite par l’intermédiaire de ses propres infrastructures et celle achetée sur le marché. L’électricité fournie par Romande Energie est constituée d’environ 40% d’énergie renouvelable suisse. Les 60% restant sont achetés sur le marché de l’énergie et, suite aux fluctuations du marché, peuvent impacter le tarif de reprise. Pour 2024, il est fixé à 17,60 centimes le kilowattheure avec les garanties d’origine, et à 16,80 sans. Il faut également préciser que le rôle du GRD consiste dans ce cadre à agir tel un simple relai entre les producteurs qui refoulent leur courant solaire, le réseau et les consommateurs finaux. Une opération pour laquelle le GRD n’a d’ailleurs pas le droit légalement de générer des bénéfices.

4. Comprendre les différences entre le prix de l’énergie acheminée par le GRD et le prix de reprise

Souvent remarquée et mise en avant, la différence de prix entre l’énergie acheminée par le GRD et ses tarifs de reprise peut sembler perturbante. Pour la comprendre, il faut réaliser que, lorsque l’on paie sa facture d’énergie, on ne paie pas que l’électricité. En effet, la facture se distingue en trois composantes essentielles, à savoir l’énergie, le transport et les taxes. Outre l’énergie, les consommateurs paient ainsi au GRD une partie liée à l’acheminement de l’électricité et à l’entretien du réseau, sans oublier le volet de taxes (fédérales, cantonales et communales, TVA). Les charges du GRD sont donc multiples, d’où leur répercussion dans ses factures en plus du coût de l’énergie. Ce qui n’est pas le cas du producteur qui revend uniquement son énergie, d’où un prix de reprise lié uniquement à la partie « énergie ». Même si physiquement l’énergie produite à un endroit est consommée par les consommateurs les plus proches du lieu de production, la Loi demande une équité de traitement au niveau du timbre, qui ne différencie donc pas la distance entre les lieux de productions et ceux de la consommation.

5. Quelles sont les prévisions générales pour l’avenir et quelles bonnes pratiques préconiser auprès des producteurs ?

S’il est difficile de prédire avec exactitude les prix de reprise de ces prochaines années, on sait déjà qu’ils devraient suivre une tendance baissière. Une dynamique qui s’explique notamment en raison des coûts d’approvisionnement qui baissent de manière globale et, plus particulièrement, de la stratégie de Romande Energie concernant la gestion de ses coûts d’achat sur le marché. De manière générale, rappelons encore qu’il reste dans tous les cas toujours plus avantageux pour un producteur indépendant de favoriser au maximum l’autoconsommation pour profiter pleinement de son installation solaire et ainsi l’amortir plus rapidement.

Thomas Pfefferlé

Thomas Pfefferlé

Journaliste innovation

A PROPOS DE CE BLOG

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

Autres articles de ce blog